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Bio / Naturel

Interview de Mimi Kirk, crudivore végétalienne de 77 ans (2ème partie)

Suite (très longue !) de cet article :

Wesley Kutner : D’accord, donc cela ne se sépare pas parce que souvent quand vous faites du jus vous avez la partie aqueuse en bas et la partie colorée en haut qui est je suppose la bonne partie.

Mimi Kirk : Eh bien, tout est bon. Voici la façon de conserver votre jus. Si vous le faites la veille vous le mettez dans un bocal, vous savez le type de bocal de conserve avec un couvercle que vous devez remplir jusqu’au maximum pour qu’il n’y ait pas d’air quand vous fermez (et il peut s’échapper un peu de jus quand vous fermez). Quand il n’y a pas d’air* vous pouvez le laisser toute la nuit et il n’y aura pas d’oxygène qui oxyde le jus. C’est encore bon quand vous avez plein de vitamines. Alors c’est ce que je dis constamment aux gens qui trouvent ça trop difficile : faites un jus tous les jours et ne changez rien et vous verrez combien vous vous sentirez bien avec ce jus. La chose suivante est de prendre une grosse salade durant la journée et faites ces deux choses progressivement, ça n’est pas forcément à faire du jour au lendemain. Vous devez juste regarder ce qu’il y a dans votre assiette et décider ensuite si cela va vous nourrir et donner à vos cellules de l’énergie constructive plutôt que destructive. Je suis très forte sur les cellules quand je dois parler, parce que les gens ne comprennent pas vraiment la situation intérieure de leur corps. C’est si intéressant. Durant les vacances, je parlais à quelques membres de ma famille et leur disais que lorsqu’on commande au restaurant, on s’assoie là et on mange, et c’est si bon qu’on ne pense pas réellement à ce que cette nourriture va vous faire ; vous pensez juste « Oh mon Dieu, c’est si bon, c’est tellement bon !«

Ma famille est gourmande alors vous savez ils aiment manger, ils mangent sain mais ils sont gourmands, et ils ne mangent pas tous cru. Ils savent inclure beaucoup de cru et de jus et tout ce qu’il faut, mais ils ne sont pas stricts comme je le suis. Mais quand vous mangez vous devez aussi vous demander si cela va vous nourrir, et quand vous regardez les assiettes parfois vous y voyez des quantités de beurre, d’huile ou quelque chose de frit ou quoi que ce soit d’autre : est-ce que cela va vous donner de l’énergie ou cela va-t-il vous fatiguer quand vous aurez fini de manger ?

* Vous pouvez aussi utiliser le système de bouchon spécial pour vin qui permet de faire le vide dans une bouteille entamée (surtout s’il s’agit d’un grand vin !) pour en conserver la qualité. Ce qui évitera l’oxydation de votre jus.

Combien de fois avez-vous pris une assiette de nourriture délicieuse et ensuite vous êtes épuisé, d’abord parce que c’était trop et ensuite parce que ça n’était pas vivant et que c’était tout cuit ? Le contenu vitaminique était épuisé et les enzymes définitivement détruites (La cuisson au-dessus de 50°C détruit les enzymes) et vous avez besoin d’enzymes pour digérer les aliments ; sans enzyme vous ne pouvez pas digérer correctement, cela reste dans votre estomac durant un long moment.
Alors, j’aime ma vie, j’aime me sentir comme je me sens, je me sens en pleine santé, je sais que les aliments que je mange chaque jour me permettent de me sentir ainsi. Cela me permet de me sentir plus dynamique que des personnes de 20 ou 30 ans plus jeunes, je peux courir, et ma sœur (je n’ai plus qu’une sœur vivante à ce jour) est aussi différente de moi que possible, elle est en surpoids et n’est pas très énergique, elle a une bonne attitude mentale mais n’est pas aussi bien physiquement et nous avons juste deux ans et demi de différence. Elle est la plus âgée.

W. : Ne suit-elle pas vos conseils ?

M.K. : Non, elle cuit une pomme de terre avec un film plastique dans un micro-ondes, dont elle n’a aucune idée de la nocivité, et elle pense qu’elle mange sain. Pourtant elle a eu deux fois un cancer, elle pense qu’elle mange sain mais elle ne mange vraiment pas sain et elle mange des quantités de desserts. Je mange des desserts et je mange sain mais je mange des desserts crus.

W. : Bon écoutez, quantité de gens voudraient approfondir le fait que manger cru est sain et, pour être honnête, je sais que c’est ce qui est juste pour mon corps, mais Mimi je pense qu’il y a des aliments addictifs : le pain en est un, les pâtes (j’adore les pâtes), la sauce Marinara pour les pâtes… la parfaite combinaison : sauce tomate et Parmesan ! Allez donc.. c’est une combinaison formidable !

M.K. : J’en ai une version crue, comme vous c’est l’un de mes plats favoris. Quand j’étais végétarienne je faisais mes propres pâtes une ou deux fois par semaine.

W. : Vous devez partager cette recette avec moi.

M.K. : Donc, ce que je fais désormais c’est que j’utilise des courgettes en guise de pâtes.

W. : Vous les découpez en spirale ?

M.K. : Disons ça, disons que vous adorez la sauce Marinara, utilisez les courgettes découpées en spirale, vous pouvez les réchauffer légèrement, vous n’avez pas besoin de les cuire, vous voulez juste les garder chaudes. Et même si vous ne les conservez pas totalement crues et que vous vous faites une sauce Marinara, vous avez fait un grand pas. Parce que les pâtes ce sont de la farine et de l’eau, c’est de la colle, c’est délicieux (je me demande comment la farine et l’eau peuvent faire un plat aussi délicieux avec un œuf), mais vous mangez du gluten qui est très mauvais pour nous et gonfle l’estomac. Vous pouvez faire des lasagnes qui sont incroyables avec des courgettes et une mandoline.

W. : A quel moment puis-je ajouter le bœuf haché ?

M.K. : Du bœuf haché… oh ! Autre chose qui peut paraitre étrange, mais je fais un plat de poivrons rouges farcis dont l’intérieur a le goût de la viande, je fais des burgers dont mon ami pense qu’il s’agit de viande. Je le fais avec des noix de Grenoble. Je hache les noix et d’autres ingrédients, différentes graines et d’autres choses qui, honnêtement, donnent le goût du bœuf haché. C’est ce qui est formidable en tant que chef vous pouvez imaginer comment faire les plats que vous adorez le plus et les faire. Je fais du Parmesan à partir de noix de cajou, d’ail et de sel.

W. : (Plaisantant) Oh, allons… vraiment ?

M.K. : Sincèrement, j’ai servi cela à tant de monde.J’ai un très bon ami, son nom est Robin Leach, je ne sais pas si vous savez qui c’est. Il est cet homme qui a réalisé cette célèbre émission durant 14 ans. Il est venu dîner à la maison et a goûté mes lasagnes au « Parmesan ». Il est gourmand et gourmet. Il vit à Las Vegas, il connait tous les chefs. C’est un vrai gourmet. Il a trouvé que c’était un des meilleurs repas qu’il avait faits. Il pense que je devrais commercialiser mon « Parmesan ». Il croyait que c’était du vrai fromage et ne s’est pas rendu compte que ça n’était pas du Parmesan. Alors je vous l’assure, vous pouvez faire des choses incroyables. C’est à la fois un tel plaisir et un défi en même temps et c’est une telle joie de transformer les aliments que j’aime, pizzas, lasagnes, pâtes (j’adore les pâtes). Je pense que c’est un vrai défi et il y a tant de chefs qui étaient de chefs « normaux » qui sont passés à la fabrication de recettes crues et vegan, et c’est délicieux ! Il peut arriver que tout ne soit pas bon… si vous allez à un endroit et mangez quelque chose qui n’est pas bon, vous n’allez pas l’aimer. Je connais des gens qui sont allés manger du cru et ont dit que ça n’était pas bon. Je connais l’endroit où ils ont mangé et je suis d’accord pour dire que là ça n’est pas bon, mais c’est comme pour toutes les cuisines dans n’importe quel restaurant.

W. : Où avez-vous appris ? Avez-vous appris chez Matthew Kenney‘s ?

M.K. : Je l’ai fait et sa nourriture est formidable. Il croit réellement dans l’alimentation végétale et enseigne vegan et cru. Ses restaurants sont parfois une combinaison de vegan et de cru. Si vous regardez ses livres et son site tous ses aliments mettent en valeur les légumes et les fruits de façon incroyable, comme les saveurs qui en ressortent quand je vais là-bas et que je prends un menu dégustation.
Pour mon anniversaire, l’un de mes anniversaires, mon petit ami m’a fait la surprise de m’y emmener et le chef m’a concocté un menu de 13 plats. Chaque bouchée de chaque plat était… Ah…. vous ne pourriez pas le croire… vous n’avez jamais goûté ça… unique, quelque chose que vous n’avez jamais mangé ailleurs. Pour moi c’est du grand art ce qu’ils font avec les végétaux. Si vous aviez mangé dans un endroit comme chez le Chef Jean Christian Jury qui officiait à « La mano verde » à Berlin, récemment fermé, sa nourriture était absolument stupéfiante. Les plats que je goûte de ces grands chefs sont fantastiques.
Maintenant je fais du pain. Avant je faisais du pain plat, vous savez ressemblant au pain azyme (sans levain), mais maintenant je peux faire du pain moelleux. Plus vous pratiquez, plus vous trouvez d’astuces, les secrets des autres chefs pour ainsi dire et plus c’est excitant aussi de voir autant de chefs se mettre à faire cette formidable cuisine. Honnêtement, Los Angeles en est la Mecque. Wesley, si vous voulez manger vegan et cru vous devez venir à Los Angeles parce que c’est la Mecque : je peux vous emmener à 20 endroits où vous n’imaginez pas à quel point c’est bon !

W. : Je vais vous prendre au mot parce que je dois aller là-bas pour rendre visite à mon père et à ma belle-mère.

M.K. : D’accord, venez ! Je passe une partie de mon temps à Majorque et une partie ici mais si vous venez quand je suis ici je vous emmènerai à quelques endroits si vous voulez manger qui vont vous sidérer, honnêtement,  avec des plats délicieux, vegan et crus. Si je pense que c’est formidable de vivre longtemps, ça n’est pas formidable d’avoir une longue vie si vous n’êtes pas en bonne santé et je vois trop de seniors, même mon agent qui est plus jeune que moi, avec des déambulateurs, qui peuvent difficilement monter les escaliers et ne peuvent plus voyager. Leur vie est compromise parce qu’ils n’ont pas pris soin d’eux-même, ils n’ont pas essayé de repousser la maladie qui peut arriver quand nous vieillissons et que les cellules s’affaiblissent ou meurent. Si votre famille a des problèmes de santé ou des difficultés il est fort possible que vous en héritiez, même si la génétique ne représente qu’une petite partie de ce qui arrive, mais parfois les gens suivent simplement le chemin de leur famille et celui qui est supposé être le bon. J’ai visité la maison de retraite où ma sœur a vécu, et beaucoup de maisons de retraite quand je cherchais une place pour elle, et c’est vraiment déprimant en fait de voir comment nous nous détériorons si nous ne prenons pas soin de nous-mêmes. Et toute la nourriture dans ces établissements est terrible. Rien pour que les pensionnaires aillent mieux, mais pour que ce soit pire. Ce qui arrive quand vous résidez là : vous continuez à vous détériorer et ne vous améliorez jamais. J’en ai vu se guérir du cancer, du diabète, d’hypertension, de surpoids, de toutes sortes de problèmes en mangeant sain, en mangeant une alimentation crue et vegan. J’ai vu des gens comme moi. J’ai une énorme base de fans avec 7 millions de personnes regardant mes vidéos sur YouTube et c’est stupéfiant de voir combien de gens ont changé leur régime et se sont débarrassés de maladies dont leurs familles souffraient et dont ils ne voulaient simplement pas. Alors, je sais que la nourriture est un médicament. Je le crois fortement.

Il y a des endroits contre le cancer maintenant. A l’Institut Gerson, à l’Institut Hippocrate, ils aident les gens à surmonter leurs maladies en changeant leur régime, donc ce n’est pas du charlatanisme, c’est la vraie vie et je pense que nous avons découvert un trésor avec la façon dont nous mangions avant d’avoir découvert le feu.

Maintenant les gens vivent plus longtemps à cause de la médecine mais parfois la qualité de vie n’est pas si bonne. Les gens traversent l’expérience de la chimio et de la radiothérapie et ne se guérissent pas réellement d’une certaine façon, car ils ont détruit quantité de leurs cellules et ils doivent être très attentifs ensuite à leur système immunitaire qui a été compromis. Et je connais quantité de gens qui n’ont fait aucune chimio et se sont débarrassés du cancer. Alors, je pense qu’il y a des choses formidables qui se font aujourd’hui avec la nourriture, avec la nourriture comme source de guérison, et par ailleurs je suis très exigeante sur la qualité biologique. Je pense que l’alimentation biologique est très importante, que les OGM sont malsains pour nous et qu’ils ne sont pas identifiables par notre corps. Je pense que nous allons voir des problèmes surgir avec les gens ayant consommé des aliments OGM dont les fabricants continuent à nous inonder ici aux USA.

W. : Ce qu’ils gagnent à faire des OGM c’est simplement de l’argent. Il y a des gens qui ont des théories de conspiration… comme vouloir rendre la population stérile ou autre chose en nous donnant des OGM.

M.K. : Ce qu’ils nous disent c’est qu’on ne peut pas nourrir tout le monde à moins de faire cela. Je pense que ce Roundup de Monsanto est un poison qui est répandu pour détruire les mauvaises herbes mais ne tue pas des plantes comme par exemple le soja. Je ne mange pas de produits au soja qui est, avec le maïs, le produit le plus bourré de produits chimiques.

W. : Donc vous ne voudriez pas non plus boire de lait de soja ?

M.K. : Je ne bois pas de lait de soja.

W. : J’ai été horrifié l’autre jour. J’étais dans une boutique de santé et une femme enceinte est entrée avec son mari et elle a demandé du lait de soja ; ils ont pris ce casier de lait de soja et sont sortis avec un grand sourire. Connaissant les dangers du lait de soja j’en ai frémi, parce que…

M.K. : Oui, je ressens la même chose. Les gens ne comprennent pas que tout d’abord être enceinte et boire du lait de soja est terrible et qu’il a été découvert que cela perturbe vos hormones. Oui pour une petite quantité comme au Japon, les gens là-bas en mangent une très petite quantité, mais quand on nous dit en Amérique que le soja est bon pour les femmes à la ménopause et que cela nous donne du calcium et tout ce qu’il faut, alors tout le monde surdose et met du soja partout. Aujourd’hui le soja est manipulé, est devenu un OGM avec ce Roundup sur le sol qui ne tue pas les fèves de soja mais le sol devient un poison, et le maïs est très bon marché à faire pousser alors ils ne veulent pas de parasites dans le maïs. Et ces sirops de maïs… ils utilisent le maïs partout, dans tellement de choses que vous devez être très attentif de ne pas consommer de fructose provenant du sirop de maïs. Vous devez lire les étiquettes. Vous ne devez pas prendre des produits avec du maïs. Vous ne devez pas prendre de produits avec des composants que vous ne comprenez pas, s’ils sont manufacturés.. tenez-vous éloignés d’eux.

W. : C’est pourquoi nous devons faire pousser notre propre nourriture, comme vous le faites.

M.K. : Oui, je produit une partie de ma nourriture mais j’achète aussi à des maraîchers et les deux endroits où je vis ont des éventaires fermiers près de chez moi et ils ont des produits biologiques. C’est ce que je mange mais je sais, quand je suis au restaurant parfois, que je ne mange pas toujours biologique, et je voyage beaucoup.

W. : Comment faites-vous quand vous voyagez ?

M.K. : Bon, parfois je mange des choses qui ne sont pas biologiques, mais je m’en tiens à une alimentation vegan.

W. : Vous ne mangez pas la nourriture servie dans les avions ?

M.K. : Je ne veux pas de ces trucs. Oh mon Dieu c’est effrayant pour moi. Je mange rarement quelque chose, si je le fais c’est une toute petite salade.

W. : Avant de partir vous préparez quelque chose et l’emmenez dans l’avion ?

M.K. : Je le fais si je sais que je vais avoir un arrêt quelque part. Une de mes choses préférées est de faire un burger cru et je le mets entre deux feuilles de chou avec une mayonnaise vegan, des tomates, des pickles doux, de la moutarde, du ketchup, tout ce que j’aime et je roule le tout pour qu’il ne coule pas et parfois je le finis avant d’arriver à l’avion… parce que c’est si bon. Mais essayez d’emporter ça : un légume avec une trempette quelconque, très petite de façon à pouvoir l’attraper. Quel que soit l’endroit où je m’arrête je peux toujours trouver une salade dans un aéroport où ils font maintenant de belles salades, non biologiques mais comme je l’ai dit je ne peux pas manger toujours bio et je n’ai pas mangé cuit depuis longtemps. Quand je suis devenue « crue » je l’étais strictement à 99% et puis l’année dernière depuis que je voyage, je cuis un repas vegan ou quelque chose mais c’est drôle parce que je ne le digère pas aussi bien que le cru. Je peux vous dire immédiatement que la nourriture cuite ne passe pas aussi bien, mais à l’occasion je peux consommer un dîner cuit. Mais je m’arrange pour rester sur les rails là où j’ai accès à ma propre nourriture, que j’emporte : pommes, noix et fruits. Je voyage toujours avec quelques graines.

W. : Maintenant Mimi, quel est votre lien avec Majorque, j’ai entendu dire que vous aviez formé quelques chefs là-bas ?

M.K. : Voici comment j’y suis allée il y a un an et demi. J’ai été invitée à parler à un endroit, au Port d’Andratz, nommé Port Amore et une femme a ouvert un restaurant biologique là-bas. Elle sert toutes sortes de plats allemands. Tout ce que vous pouvez imaginer ; elle est très impliquée dans la santé et le bio est sa grande chose, mais elle voulait servir plus d’aliments vegan et crus. Elle pensait que c’était une chose vraiment importante à faire, alors elle m’a invitée à venir faire une causerie et une démonstration. Je suis donc allée à Majorque pour la première fois à Andratz. Je suis aussi allée à Londres pour un évènement et en Allemagne pour un autre évènement. Je participe à beaucoup d’évènements en Europe alors nous avons essayé de les grouper et nous sommes allés là-bas. J’ai fait la causerie et la démo et nous sommes tombés amoureux de l’endroit, avec mon petit ami, et j’ai dit que nous devrions vivre là. Alors plus tard nous avons déménagé six mois de l’année, trois mois à la fois. Je suis là dans le port d’Andratz, juste au-dessus du lieu où j’ai fait ma première causerie. Mais ensuite une école de Majorque, appelée « Sabor », qui est une école de cuisine vegan m’a demandé de venir. Quand j’étais à Majorque ils se sont renseignés sur moi et m’ont demandé de venir et de faire un évènement, ce que j’ai fait l’année dernière en Octobre quand j’étais là-bas. Je pars ensuite de là pour d’autres évènements. Je suis allée à un Festival du cru à Prague, à un autre à Londres, et beaucoup en Allemagne. J’étais à Francfort, et des milliers de personnes sont venues à ma causerie. Il semble que je sois très populaire là-bas ; ils semblent très conscients sur la nourriture saine, mais j’aime Majorque.

Six mois par an c’est parfait pour moi d’y être parce que j’ai de la famille ici en Amérique et j’ai des évènements auxquels je participe. Je fais aussi du coaching par SKYPE. J’en fais beaucoup quand je suis à Majorque et je suis très excitée d’y retourner parce que j’adore l’endroit.

W. : Eh bien je suis tout excité que vous veniez.

M.K. : Je sera là mi-mars et je ferai sans doute quelques petites interventions. La dernière fois que j’y étais je ne voulais pas partir de Majorque alors j’ai fait des choses localement.

W. : Pensez-vous que nous pourrions cuisiner ensemble ?

M.K. : Allons-y ! Ce serait formidable. J’aime les chefs même s’ils cuisent les plats, parce que je sais ce que c’est que d’être dans une cuisine Ayant été entraînée chez Matthew Kenney j’étais dans une école, mais le restaurant est juste à côté et les restaurants sont les restaurants… c’est pourquoi j’ai mentionné mon bon ami Jean Christian Jury. Il a été chef depuis l’âge de 14 ans et il a commencé comme un chef « normal » mais, pour de nombreuses raisons, il s’est tourné vers une alimentation végétale. Il était à Majorque la dernière fois que j’y étais pour trois mois, écrivant son livre vegan qui va bientôt sortir et je suis sûre que les chefs vont l’adorer, parce que c’est l’histoire de l’alimentation et nous avons cuisiné un peu ensemble ce qui était vraiment, vraiment, un plaisir mais il est un strict vegan et un chef « cru ».

W. : Bon, je peux constater qu’il y a des avantages à cela… vous n’avez pas trop de contaminations croisées !

M.K. : C’est exact pour moi, j’ai toujours été une excellente cuisinière. C’est très facile pour moi de bien cuisiner. Quand je cuis de la viande, je pourrais y ajouter quelque chose en deux secondes et c’est délicieux et savoureux. C’est définitivement un défi quand vous passez au végétarisme parce que vous avez encore du fromage et des œufs, ce qui tient tout ça ensemble et puis vous passez au vegan mais quand vous passez au cru… Oh, ça c’est un vrai défi parce que : comment s’y prendre pour retrouver le goût des aliments que vous aviez l’habitude de cuisiner et retrouver leurs saveurs, comment faire cela ? Donc c’est définitivement un art et un défi. La nourriture vegan est plus facile à préparer pour moi que la cuisine crue mais j’ai toujours envie de manger cru, mon petit ami est vegan alors je cuis pour lui. C’est tellement plus facile de cuire en deux minutes. Pour moi-même je dois planifier si je dois déshydrater, pour faire du pain par exemple.

W. : Avez-vous entraîné votre ami à devenir vegan ?

M.K. : Il mangeait la nourriture standard américaine quand je l’ai rencontré. Et ma mère disait que le chemin vers le cœur d’un homme passait par son estomac, donc je cuisinais pour lui. Il a 19 ans de moins que moi. Alors je cuisinais tous les plats qu’il aimait et je les mangeais et je grossissais et je ne me sentais pas si bien. C’est que j’ai pris un grand virage au bout de quelques années, j’ai décidé que je devais revenir en arrière et faire attention à ne plus jamais manger de viande. Je n’en mangeais pas beaucoup, de la viande, et il aimait les légumes, donc c’était agréable de manger des légumes. Alors je lui ai dit : écoute je ne peux plus cuisiner de viande pour toi. Je suis heureuse de cuisiner pour toi mais pas de viande, et il m’a que ça lui allait, que peu lui importait, alors il est devenu vegan à la maison et végétarien quand il sortait et maintenant il est vegan. Il a fait cela de lui-même, au début il n’aimait pas les jus verts et trouvait que c’était un peu raide et puis un jour il m’a dit : Tiens laisse-moi essayer ça encore une fois et il s’est mis à les aimer. Donc je ne l’ai pas convaincu, il s’y est mis tout seul. Mais il y a deux choses à prendre en compte je pense : d’abord c’est moi qui cuisinais, donc il a commencé à manger de cette façon et s’y est habitué et quand il sortait et pouvait manger autre chose il a eu envie de commander végétarien et vegan, et il aime l’alimentation crue. Je lui fais tout particulièrement les choses qu’il aime vous savez. Il aime un gâteau au chocolat, il aime les desserts alors je lui en fais. J’ai une fille qui mange vegan, mais majoritairement cru. Donc nous discutons et c’est tellement plus facile, quand vous faites cette cuisine, d’être avec quelqu’un qui mange comme vous. C’est définitivement plus difficile avec différents styles alimentaires d’avoir une relation : un plat pour les enfants, un autre pour votre mari, un autre pour vous. Je dis aux gens que j’ai mis au point une façon de bien fonctionner : vous devez d’abord préparer votre repas et le laisser en attente, et ensuite vous faites le leur, parce que comme cela il sera là pour vous et vous ne serez pas tentée de manger l’autre nourriture. Donc c’est la façon dont je pratique, parce que je cuisine pour lui et je mange un peu différemment de lui. J’ai fait des quantités de salades ces derniers jours, il mange des tas de choses dans une soupe, dans des jus le matin et je fais du pudding de chia et de magnifiques petits déjeuners avec des fruits, de l’avoine et des choses de ce genre.

W. : J’ai entendu dire que vous aviez publié un livre. Est-il disponible ici en Espagne ?

M.K. : J’ai trois livres actuellement, l’un se nomme « Live raw » mon premier livre, c’est un best-seller (je suis fière qu’ils le soient tous !) mais le premier livre « Live Raw » surpasse le tout. C’est un livre fantastique, vous pouvez l’avoir sur Amazon. Je ne l’ai pas en Espagne mais j’aimerais qu’ils soient tous en espagnol parce que je pense que ce serait bien.

W. : Oh vraiment, ils ne sont pas en espagnol ? Je vais les traduire pour vous !

M.K. : Non, je dois juste trouver un éditeur qui le fera, c’est ce dont j’ai besoin. Je ne fais pas d’auto-publication. Je viens de trouver un éditeur à Prague pour mon livre de jus, et ils sont également en allemand, deux d’entre eux déjà, mais « Live Raw« , ça c’est le premier livre « Live Raw around the world« , ça c’est quand je voyageais autour du monde pour trouver épices et recettes de différents pays. Nous sommes allés dans sept pays différents et ensuite mon dernier livre est consacré aux jus, il se nomme « The ultimate Book of modern juicing« .

W. : Pourquoi  avons-nous besoin d’un livre pour faire des jus, ne pouvons-nous pas juste jeter n’importe quel fruit ou légume dans l’extracteur ?

M.K. : Exactement ! Vous n’en avez pas besoin sauf si les gens en ressentent le besoin quand ils débutent. Mes éditeurs m’ont demandé de faire un livre sur les jus et je veux dire que je n’utilise pas de livre, je jette juste les produits ensemble mais je me souviens au tout début j’ai fait des jus qui n’étaient pas si bons que ça. Alors, ça aide réellement les gens d’avoir un petit coup de pouce quelquefois, même quand vous faites tout le temps les mêmes jus mais que vous voulez faire quelque chose de différent. Donc j’ai des jus et des smoothies dedans, mais la bonne chose sur ce livre, et je pense que c’est la clé pour moi, c’est qu’il y a un glossaire de A à Z sur les aliments que vous pouvez inclure dans vos jus et qui sont bons pour des troubles divers comme le diabète, ou les problèmes de thyroïde ou de digestion, de dépression ou autre chose. Un glossaire de A à Z pour différents problèmes de santé que les gens peuvent avoir avec les différents aliments ou fruits qui sont bons à ajouter aux jus c’est une aide véritable pour beaucoup de gens.

W. : Cela semble un super livre. L’autre grand avantage serait de spécifier les quantités, de façon à ne pas gaspiller vos provisions.

M.K. : Exact. Ils sont tous faits pour une ou deux portions, habituellement une parce que vous le faites pour vous et vous pouvez juste le doubler. Il explique la différence entre jus et mixage, et que les smoothies sont une chose mais que pour ma part il se trouve que j’aime les jus parce que c’est plus léger, c’est facile à boire et pré-digéré. Quand vous mixez vous obtenez les fibres qui sont bonnes pour le corps mais pour moi c’est plus difficile à digérer. J’ai assez de fibres durant la journée donc je peux m’en passer, mais certaines personnes aiment. Le mixage est plus bourratif, mais la grande différence pour moi c’est que quand vous faites un jus vous avez besoin de beaucoup plus de quantités de végétaux. Quand vous utilisez le blender, vous savez une ou deux tiges de céleri et une poignée d’épinard avec un morceau de pomme, ou d’autre chose et vous avez une boisson, alors pour moi le jus me donne beaucoup plus de nutriments dans ce demi-litre chaque jour. Carottes, pomme, gingembre, épinard, ou ce que j’ai pour la journée, j’aime intervertir. Hier j’ai utilisé mon gros extracteur et j’ai fait quelques bouteilles de jus pour moi qui vont durer aujourd’hui et que je peux boire au fil de la journée. Et j’aime la détox, je pense que c’est très « nettoyant » de faire une détox de trois jours ou d’une semaine de temps à autre. Cela vous permet de vous sentir vraiment mieux et stimule vos niveaux d’énergie et votre système immunitaire.

W. : Physiquement vous vous sentez très bien et vous paraissez splendide. Comment vous sentez-vous mentalement quand vous suivez ce type de régime ?

M.K. : Honnêtement Wesley, je n’ai pas du tout conscience de mon âge si je ne regarde pas le miroir, je vous jure que je ne sais pas l’âge que j’ai. Je me lève j’ai l’impression d’avoir 20 ans, je saute du lit, je vais trotter alentour et je vais passer devant un miroir et me demander qui est celle-là… parce que je veux dire, objectivement j’ai 77 ans, j’ai quelques rides sur le visage, et je ne m’en soucie pas ça ne me dérange pas. J’essaie de paraitre aussi jolie que je peux mais je ne suis pas obsédée par les rides. Je ne veux pas de Botox, je ne veux rien de tout ça, je suis bien comme je suis.

W. : Ce que je voulais dire c’était vos humeurs. Est-ce que cela a changé votre humeur aussi ?

M.K. : Je me sens juste comme une jeune fille. Je sais que c’est ma nourriture.

W. : Mais avez-vous noté une différence dans la façon dont vous vous sentez mentalement maintenant par rapport à quinze ou vingt ans plus tôt ?

M.K. : Non pas du tout, je veux dire que, quelle que soit l’attitude mentale que j’avais alors, j’ai toujours été une personne très positive toute ma vie et ça m’a beaucoup aidée, mais ce que je sais c’est que maintenant je ne me sentirais pas aussi énergique si je n’avais pas changé d’alimentation. Je pense vraiment qu’après 50 ans les choses changent plus rapidement qu’avant donc je ne peux pas vraiment comparer à maintenant, tout ce que je sais c’est que je me sens sans âge. Je viens juste de passer du temps avec mes petits-enfants qui sont dans leur vingtaine et je ne me sens pas différente d’eux, donc quelque chose se passe pour me conserver à 77 ans en me faisant croire que je suis dans la vingtaine mentalement, pour que je me sente énergique et pleine d’espoir sur mon futur et pour sentir que je peux changer de travail et faire n’importe quoi d’autre. De la même façon qu’une personne jeune aurait des espoirs et de la passion pour la vie. Je suis très passionnée par ce que je fais pour aider les gens à être sains et à changer leur régime. C’est très agréable rétrospectivement, et je pense pour les chefs, de comprendre que c’est une faveur de cuisiner délicieusement pour les gens, mais quel cadeau d’être sûr que vous leur donnez ce qui les fera se sentir bien et leur donnera la santé au lieu de les détériorer. Tout ce sucre, toutes ces farines, toute cette nourriture qui n’est pas saine. Cela ne semble pas juste de donner cela aux gens et je le ressens fortement. Je sais que tout le monde ne changera pas, j’ai mon opinion là-dessus, mais j’aimerais voir les gens manger sainement. Je ne m’attends pas à voir les gens tout changer à moins qu’ils soient malades, très sérieusement, mais vous devriez faire une tentative pour manger plus sainement, pas seulement ce qui a bon goût, pour vous faire du bien.

W. : Pensez-vous que vous pourriez partager une recette avec les lecteurs ? Quelque chose de rapide et facile.

M.K. : Bon, voyons voir… d’accord, voici la chose la plus facile à laquelle je peux penser. Pas besoin d’équipement, juste un couteau. Vous devriez être capable de manger avec juste un couteau, OK ? J’utilise mon blender, le déshydrateur et autre, mais ceci est un snack, déjeuner ou dîner facile, très simple. Tous ceux à qui je l’ai indiqué l’ont adoré, c’est délicieux.
J’utilise du chou de Milan, mais n’importe quel chou peut convenir. Le chou de Milan pour moi est plus tendre. Vous enlevez les côtes dures avec votre couteau, et réservez une feuille qui sera ainsi plus fine. Je fais une mayonnaise vegan (qui ne contient pas d’œufs ou de laitage ou de soja) qui sera beaucoup plus saine pour vous. Je tartine une fine couche sur la feuille, je tranche de l’avocat très finement et le pose dessus, je parsème un peu de sel de l’Himalaya sur le tout (nous avons un superbe sel à Majorque), je tranche très finement une tomate, du concombre, de l’oignon rouge et recouvre avec une autre feuille de chou. C’est comme un sandwich et c’est si simple et si délicieux. Vous pouvez mettre en forme le chou pour que ça ne dégouline pas. Vous pouvez le mettre comme le seraient deux tranches de pain. Un peu de sel sur le tout, c’est tout ce dont vous avez besoin, et c’est une combinaison spectaculaire. D’abord c’est crémeux à cause de l’avocat, et c’est croquant avec les autres légumes qui sont dedans. C’est vraiment quelque chose, vous devez l’essayer Wesley, je sais que ça parait simple et bizarre mais c’est si délicieux et plein d’énergie, très rapide et un surprenant petit sandwich.

W. : Ça semble très facile.

M.K. : Comme vous avez dit quelque chose de simple, je voulais quelque chose sans équipement, juste votre couteau c’est tout ce dont vous avez besoin et je vous garantis que tous ceux qui l’essaient, l’adorent. Il Y a le croquant et tout ce que vous souhaitez d’une bouchée de nourriture. Je pense que je vais vous quitter et m’en faire un.

W. : Je n’ai pas cela dans mon appartement pour le moment mais je vais faire des courses.

M.K. : Je veux mentionner une chose, une chose que les gens disent toujours ; c’est qu’ils ne peuvent pas manger froid, croyez-moi si vous lisez mes livres ou mon site ou regardez mes recettes il y a beaucoup plus que des bâtonnets de carottes et de céleri. Je fais des soupes chaudes, je fais des laits, j’utilise des thés. Je chauffe les plats, mais simplement pas au-delà de 43°C. Je mange des aliments chauds, je chauffe mes lasagnes, mes pâtes, mes champignons farcis, donc je mange chaud durant les mois froids.

W. : Donc vous ne dépassez pas les 40°C. Parce qu’il y a une machine, je ne sais pas si vous la connaissez, c’est le Thermomix.Vous pouvez y mettre des tomates et chauffer à 40°C et c’est la température parfaite pour activer le lycopène de la tomate.

M.K. : Exact. Vous pouvez activer le lycopène et c’est très bon à manger de cette façon. Je mange des quantités de tomates, mais le Thermomix est une magnifique machine que j’ai vue seulement en Europe. Je l’ai utilisée dans un cours et quelqu’un a dû m’expliquer comment l’utiliser, mais elle fait tout. C’est vraiment une superbe machine. Je pense que les gens doivent comprendre qu’ils peuvent consommer chaud, vous pouvez prendre du thé chaud, des laits et tout le reste. Il y a beaucoup de substituts au café comme le thé Matcha.

W. : J’ai une question pour vous, faites-vous des germinations ? Parce que j’ai vu qu’on pouvait faire du houmous avec des pois chiches germés.

M.K. : Oui. C’est exactement ce que je fais et j’en fais un autre avec des courgettes. Je mets aussi du tahin dedans. C’est tellement délicieux. Donc je fais germer les pois chiches ou je le fais avec les courgettes mais j’aime les germes parce que vous pouvez les faire toute l’année quand il n’y a plus de cultures dehors et vous avez vos protéines. Les germes sont surprenants, je les fais dans des sacs à lait. Je mets mes graines dedans et je fais toutes sortes de choses. Je fais des salades avec, tout le temps. Faire germer est un tel plaisir et j’aime mes micro-verdures, tous les chefs devraient les utiliser. Vous les semez dans une bonne terre (terreau) et vous avez des micro-verdures qui vont servir de décoration et de nourriture, paraissent magnifiques et donnent à vos clients de l’énergie en mangeant vivant. Nous avons beaucoup à faire à cuisiner ensemble, n’est-ce pas ?

W. : Oui, vraiment je vous attends pour cela.

M.K. : Moi aussi, moi aussi. Ça a été agréable, je ne peux plus attendre pour vous rencontrer en personne.

(Traduction de cet entretien)

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